Guérir par la Respiration
Dr. Buteyko


Dr. Konstantin Pavlovitsch BUTEYKO

1923 - 2003

Guérir par la Respiration ou
la Genèse d’une Grande Découverte !



Jeune médecin, le Dr Konstantin Buteyko passait la majeure partie de son temps à étudier à la bibliothèque ou à mener des travaux cliniques.

Son esprit brillant le propulsa dans l’un des hôpitaux de pointe en matière de recherche médicale à Moscou.

Bien que Buteyko se soit spécialisé dans l’étude de l’hypertension, il fut lui-même atteint par cette maladie de manière si forte qu’aucun médicament ne semblait convenir.

Si bien qu’en automne 1952, sa santé s’étant tellement détériorée qu’il ne lui restait que peu de temps à vivre.

Cependant, ce médecin exceptionnel était un homme de grande force physique et morale, ce qui malgré la souffrance le conduisit à travailler toujours plus.

Pourtant, pendant un temps de pose une nuit à l’hôpital alors qu’il se trouvait seul dans une pièce devant la fenêtre tout en regardant le ciel étoilé, son esprit souleva cette question : « quelle est la cause de ma maladie ? Pourquoi les gens tombent malades ? »

Soudain alors que son regard portait dans le lointain, une lumière aveuglante lui fit fermer les yeux et instinctivement il baissa le regard pour ne pas être ébloui. Alors, en portant son regard sur le bas, il remarqua que sa poitrine et son ventre se déplaçait beaucoup car il respirait.

Les connaissances qu’il avait, montraient que ce type de respiration lourde était un symptôme de l’hypertension mais là, Buteyko eut une idée de génie qu’il qualifia de bizarre sur le moment :

« Peut-être, pensa-t-il, que ma respiration forte n’est en aucun cas le résultat de ma maladie mais la cause »

Une première expérimentation sur lui-même et sur un premier malade !

D’abord, insensiblement, il commence à expérimenter sur lui ce qui va devenir sa méthode. Il fait alors un véritable effort pour respirer toujours plus lentement et doucement.

Voilà qu’en quelques minutes, son mal de tête, sa très forte douleur thoracique, son mal dans les reins qui l’avaient toujours accompagné commencèrent à diminuer.

Alors, il voulut faire autrement : augmenter sa respiration et cette fois le faire par la bouche, ses problèmes revinrent brusquement et ses douleurs aussi, il vécut un moment crucial qui allait changer le cours de sa vie.

Cette nuit-là, il se rendit au service de pneumologie de l’hôpital où un patient atteint d’asthme suffoquait et il lui dit « Ralentissez votre respiration » et ce dernier lui répliqua « mais docteur, c’est vous qui m’avez affirmé «respirez profondément ». Il lui répliqua « Je sais bien mais j’avais tort. Faites le contraire, respirez vraiment plus doucement et superficiellement.

Une hyperventilation, source de tous les problèmes

Quelques années plus tard, il déclara qu’en ces toutes premières minutes de découverte, toute la chaîne de cause à effet était apparue devant ses yeux.

L’hyperventilation élimine le CO2 du corps et en conséquence apporte des contractions aux bronches, aux vaisseaux sanguins positionnés dans tout le corps, elle crée des spasmes qui réduisent l’apport d’oxygène en créant une hypoxie. Ce phénomène accentue encore plus la respiration créant un cercle vicieux….

Soudain c’est pour lui une révélation : de très nombreuses maladies sont en fait associées à la contraction des vaisseaux sanguins, elles auraient une cause commune : une respiration défectueuse :

  • hypertension,

  • asthme,

  • maladies coronariennes,

  • accidents vasculaires cérébraux,

  • ulcères,

  • néphrite chronique...


L’hyperventilation modifie le PH donc l’équilibre acido-basique. Cela a pour conséquence une perturbation métabolique.

Ce métabolisme dysfonctionnel transmet des réactions immunitaires favorisant l’allergie.

Par conséquent, rhumes et rhinites sont fréquents à ce moment-là.

Mais, si l’on en croit Buteyko, mais plus encore ses successeurs comme le docteur Rakhimov, l’hyperventilation serait une cause

  • d’hypercholestérolémie,

  • d’obésité, de diabète.

Ce qui apparait encore plus troublant, la dysfonction métabolique peut devenir si importante qu’elle soit source de cancer.

Une hyperventilation serait-elle source de ce fléau ?

Pourquoi pas, dans la mesure où le cancer se développe dans un milieu pauvre en oxygène.

C’est en fait ce qui se passe quand on ventile un peu trop …

Les premiers pas de la méthode…

Subjugué par sa découverte, il voulut en faire profiter un maximum de patients.

Le lendemain, il se rendit auprès du médecin chef de clinique pour lui faire sa révélation.

Ce dernier, après l’avoir longuement écouté, lui fit une réponse qu’il n’attendait pas « Surtout, ne dites rien à personne, sinon vous allez vous retrouver dans une institution psychiatrique ».

Cet avertissement était la preuve que Buteyko était quelqu’un de précieux pour ce médecin chef qui par ses paroles le mettait en garde contre un excès d’optimisme de la part de Buteyko.

Remettre en cause les bases même de la médecine conventionnelle pouvait se traduire à cette époque par un internement au goulag, chose courante sous Staline en URSS.

Même si son hypothèse tenait la route et qu’elle donnait des résultats positifs auprès de ses patients, l’idée était trop simple pour la faire accepter par tous les autres responsables médicaux qui travaillaient avec lui.

Comme lui avait suggéré son supérieur, il garda le silence mais il prit la décision de faire de la recherche en ce domaine et cela de manière très scientifique.


Un vrai travail de recherche en laboratoire


Au début de l’année 1960, une nouvelle Académie des sciences se développa dans la plus grande ville de Sibérie.

Buteyko prit la décision d’aller y faire des recherches, de quitter un hôpital de pointe à Moscou et de déménager pour la Sibérie à des milliers de kilomètres du lieu où il se trouvait. Pour lui, il n’y avait aucune autre alternative.

Comme il était reconnu en tant que médecin brillant, on lui offrit un poste de chef de laboratoire scientifique et clinique avec en plus un financement abondant.

Pour avoir des résultats optimaux, Buteyko acheta les meilleurs équipements médicaux tant en Union Soviétique qu’à l’étranger.

Les données fournies par ces équipements confirmèrent son hypothèse du départ : seul le niveau de dioxyde de carbone trouvé dans les poumons est le grand régulateur de très nombreuses fonctions corporelles.

En fait, l’hyperventilation fait dramatiquement baisser ce niveau en créant de très nombreuses dysfonctions.

Buteyko fit un travail clinique important auprès de patients asthmatiques tous gravement atteints.

Transportés dans un état grave dans son laboratoire, quelques jours après, ils se promenaient en ville comme des miraculés d’une méthode encore inconnue.

La réputation de Buteyko se fit de manière exponentielle. Toute personne sévèrement malade se rendait au laboratoire de Buteyko parfois tout en ayant auparavant parcouru des centaines de kilomètres.

Les réalisations de Buteyko firent des envieux parmi ses collègues. Un de ses pairs mit tous ses efforts pour faire valider un nouveau médicament qui soulage les symptômes de l’asthme et voilà qu’à côté de lui Buteyko présentait un remède qui ne coûtait rien pour soigner cette affection.

Le principal opposant à Buteyko fut un chirurgien de renom qui proposait quant à lui un traitement purement chirurgical de l’asthme et qui pensait que cela pourrait le conduire à un prix Nobel.

La découverte de Buteyko et sa simplicité constituait une vraie menace pour ces derniers et en fait pour toute l’industrie du médicament.

Il se forma un groupe d’opposants à Buteyko, qui en fait jalousait ce dernier.

En 1968, mettant à profit l’absence de Buteyko, ils en profitèrent pour détruire son laboratoire, congédier le personnel et détruire toutes les bases de données scientifiques.


Des années de travail furent détruites simplement parce qu’un médecin de valeur avait formulé les bases d’une nouvelle pratique médicale non inféodée aux laboratoires pharmaceutiques !


Buteyko fut si affecté que des témoins oculaires déclarèrent avoir vu les cheveux de Buteyko grisonner en quelques jours sous l’effet de l’émotion qu’il ressentit en entrant dans son laboratoire qui avait été l’un des plus sophistiqués qu’on puisse trouver à cette époque.

Buteyko reçut de multiples menaces de mort l’intimidant à arrêter son travail. Il a été empoisonné et subit un accident de voiture dans l’intention de le tuer. Il survécut, Dieu sait comment.

Cependant, il garda un grand crédit auprès de certains fonctionnaires soviétiques qui lui devaient la vie.

Les années 1980 lui apportèrent une reconnaissance « officielle » dans un procès de sa méthode qui eu lieu à l’Académie médicale de Moscou auprès d’enfants asthmatiques.

Les résultats furent extraordinaires : entre 94% et 96% d’enfants asthmatiques guéris !

A cette époque, il reçut un brevet avec une classification « top secret » pour sa découverte et la méthode de traitement.

Il fallut attendre 1987 avec le début de la Perestroïka, pour que le docteur Buteyko établit sa propre clinique à Moscou qui devint Clinica Buteyko.


Beaucoup de patients souffrant d’asthme, d’allergie, d’hypertension, de déficits immunitaires et même de cancers furent traités positivement dans cette clinique.

Buteyko a même été confronté aux patients atteints par les rayonnements radioactifs de la centrale de Tchernobyl.

Un procès officiel de ce travail eut lieu en 1990 à Kiev en Ukraine au National Scientific Center of Radiation Medicine.

Le résultat époustouflant fut que 82% de patients connurent des améliorations significatives de leur état physique.

Il ne nous est cependant pas possible ici d’énumérer le nombre d’essais positifs sur des pathologies aussi différentes que le SIDA mais encore par des malades atteints d’hépatites et même de diabète.

Comme beaucoup d’initiateurs géniaux, Buteyko a d’abord utilisé son propre corps pour expérimenter sa méthode.

Il a pratiqué ce qu’il appelait le « jeûne de l’air » et a suivi un mode de vie qui favorise une respiration réduite.

Sa propre expérimentation confirmée par des malades et étudiants avancés a montré que la normalisation de la respiration entraîne bien entendu une amélioration de la santé physique mais aussi une clarté d’esprit, une paix et un calme intérieur formidables.

Buteyko n’était pas à proprement parlé un être banal. Ainsi il dormait peu, mangeait peu et pouvait s’astreindre à de très longs jeûnes.

C’était sans nul doute un homme porté sur la transcendance et il croyait plus que quiconque aux forces de l’esprit qui régissent notre vie sur terre.

Buteyko comprit que la porte de l’évolution personnelle pouvait être ouverte par la respiration. Cette pensée n’est pas à proprement parlé nouvelle et pour ne citer que l’Orthodoxie russe, on recommande de réduire le souffle pendant la prière pour que cela puisse rapprocher du Divin.

On trouve cela aussi dans les pratiques du pranayama en Inde où on invite le pratiquant à respirer moins afin d’imprégner le corps de « prana » ou énergie vitale.

Buteyko quitta notre monde en 2003 mais il sut être actif jusqu’au bout malgré les nombreux homicides qu’il dut subir dont un en 1998 où, agressé violemment par 3 individus, il resta allongé dans la neige d’un froid sibérien toute une nuit et on le retrouva encore vivant le matin mais avec des chances de survie assez faibles. Pourtant, il résista encore 5 années tout en continuant de travailler.

Buteyko nous a quitté à 80 ans et certains pourraient penser qu’avec sa méthode il aurait pu vivre plus longtemps mais voici ce que disait son épouse Lumina pour expliquer ce départ :

« A notre époque, il a fait tout son possible pour offrir aux malades de cette planète la connaissance qui pourrait sauver la vie de beaucoup d’individus mais aussi notre civilisation.

Malheureusement, son offre n’a pas été entièrement acceptée. En raison de la réticence à changer de manière de soigner, il a respecté ce choix mais a estimé que sa mission sur terre était terminée.

Le 2 mai 2003, Buteyko a regardé sa compagne, lui a souri, puis s’est tourné vers son côté droit et s’est éteint sans violence dans le corps.

Quelques jours avant, il avait formulé le besoin d’être hospitalisé et même si les bilans biologiques qu’il affichait montraient qu’il pouvait encore espérer une vie bien plus longue, cela ne se fit pas.

Buteyko était un être totalement voué à une recherche de sens de la vie, de la santé pour le plus grand bien de toute l’humanité.

Actuellement, par le biais d’une communication internationale, sa méthode de soin se propage insensiblement dans le monde entier pour le bien de tous.


Des cliniques Buteyko voient le jour un peu de partout.

Mais surement l’aspect le plus révolutionnaire de cette approche, c’est qu’elle ne se laisse pas enfermer dans des objectifs purement financiers.

Cette approche est celle du souffle, sûrement aussi celle de l’esprit sain comme celui que nous recherchons en tant qu’Acteur-Nature.

Ce n’est pas une nouvelle pensée, c’est un paradigme soutenu par de nombreuses cultures anciennes.

Ainsi, l’objectif des exercices de pranayama issu du yoga, c’est de respirer.

Roland Reymondier

Conseiller en produits de nutrition